samedi 30 mars 2013

vendredi 15 mars 2013

jeudi 14 mars 2013

Etretat...

"J'aime ce pays et j'aime y vivre parce que j'y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l'attachent à ce qu'on pense et à ce qu'on mange, aux usages et aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l'air lui-même."
Guy de Maupassant Le Horla (Une pensée pour Sylviane : ma prof de Français adorée, qui m'a fait connaître et aimer cet auteur)




samedi 2 mars 2013

Daniel Darc au paradis...




Quand je mourrai j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie

J'ai creusé un trou, j'y ai enfoui mon coeur
Je l'ai couvert de sang de boue et de sueur
Et quand je mourrai j'irai au paradis parce que c'est en enfer que j'ai passé ma vie

Quand je mourrai j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie
Quand je mourrai j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie
J'ai gâché ma vie,

Combien de rupture combien de blessure
Un sourire hélas qui s'enfui s'efface, brule et s'enfui encore
Je serai indécis, je serai déjà mort

Quand je mourrai j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie
Quand je mourrai j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie
J'ai gâché ma vie,

J'ai cru être fou et ça ma fait peur
J'ai perdu mon sang, froid ma chaleur saoulant d'ennui
Sous nos belles torpeurs je serai loin d'ici je serai ailleurs

Quand je mourrai j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie
Quand je mourrai j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie
J'ai gâché ma vie

J'irai au paradis
J'irai au paradis
J'irai au paradis
J'irai au paradis

vendredi 1 mars 2013

POUM !


Naoun

Je suis le diable. Le diable. Personne n'en doit douter. IL n'y a qu'à me voir, d’ailleurs. Regardez-moi, si vous l'osez ! Noir, d’un noir roussi par les feux de la géhenne. Les yeux vert-poison, veinés de brun, comme la fleur de la jusquiame. J’ai des cornes de poils blancs, raides, qui fusent hors de mes oreilles, et des griffes, des griffes, des griffes. Combien de griffes ? Je ne sais pas. Cent mille, peut-être. J’ai une queue plantée de travers, maigre, mobile, impérieuse, expressive - pour tout dire, diabolique.
Je suis le diable, et non pas un simple chat. Je ne grandis pas. L’écureuil, dans sa cage ronde, est plus gros que moi. JE mange comme quatre, comme six- JE n'engraisse pas.
J'ai surgi, en mai, de la lande fleurie d'œillets sauvages et d’orchis mordorés. J’ai paru au jour, sous l'apparence bénigne d'un chaton de deux mois. Bonnes gens ! Vous m'avez recueilli, sans savoir que vous hébergiez le dernier démon de cette Bretagne ensorcelée. "Gnome", "Poulpiquet", "Kornigaret", "Korrigan", c’est ainsi qu’il fallait me nommer, et non «Poum» ! Cependant, j'accepte pour mien ce nom parmi les hommes, parce qu'il me sied.
"Poum", le temps d'une explosion, et je suis là, jailli vous ne savez d'où. "Poum" j'ai cassé, d'un bond exprès maladroit, le vase de Chine, et "Poum!" me voilà collé, comme une pieuvre noire, au museau blanc du lévrier, qui crie avec une voix de femme battue..."Poum!" parmi les tendres bégonias prêts à fleurir, et qui ne fleuriront plus… "Poum!" Au beau milieu du nid de pinsons, qui pépiaient, confiants, à la fourche du sureau… "Poum!" dans la jatte de lait, dans l'aquarium de la grenouille, et "Poum !" enfin, sur l'un de vous.
Ce soir, tandis que le jardin arrosé sent la vanille et la salade fraîche, vous errez, épaule contre épaule, heureux de vous taire, d’être seuls, de n'entendre sur le sable, quand vous passez tous deux, que le bruit d'un seul pas...
Seuls ? De quel droit ? Cette heure m'appartient. Rentrez ! La lampe vous attend. Rendez-moi mon domaine, car rien n'est vôtre, ici, dès la nuit close. Rentrez ! ou bien "Poum!" je jaillis du fourré, comme une longue étincelle, comme une flèche invisible et sifflante.
Faut-il que je frôle et que j'entrave vos pieds, mou, velu, humide, rampant, méconnaissable?… Rentrez ! Le double feu vert de mes prunelles vous escorte, suspendu entre ciel et terre, éteint ici, rallumé là. Rentrez en murmurant : "il fait frais" pour excuser le frisson qui désunit vos lèvres et desserre vos mains enlacées. Fermez les persiennes, en froissant le lierre du mur et l'aristoloche.
Je suis le diable, et je vais commencer mes diableries sous la lune montante, parmi l'herbe bleue et les roses violacées. JE conspire contre vous, avec l'escargot, le hérisson, la hulotte, le sphinx lourd qui blesse la joue comme un caillou.
Et gardez-vous, si je chante trop haut, cette nuit, de mettre le nez à la fenêtre: vous pourriez mourir soudain de me voir, sur le faîte du toit, assis tout noir au centre de la lune .

La paix chez les bêtes de Colette