mercredi 7 juin 2017

"Pars avec lui" d'Agnès LEDIG

Résumé : Lui est pompier, elle est infirmière. Ils se rencontrent pour la première fois en soins intensifs. Ça semble simple, évident et pourtant... 

Un roman qui nous prend les tripes ! On ne peut pas l'oublier.
Tout s'y côtoie : l'amour, la haine, la violence, l'amitié, l'adolescence, le désir d'enfant, la vieillesse et la perte de ses facultés...

Quelques beaux moments :
"- On n'est rien si on n'a pas d'enfant.
- On est soi. Les enfants sont notre descendance, ils ne sont pas nous.
- Oui mais notre descendance nous constitue! Si je n'ai pas d'enfant, ça s'arrête là, pour moi, à l'échelle de l'univers.
- C'est grave que ça s'arrête après vous?
- Je n'aurai servi à rien.
- Le but n'est pas de servir, mais d'être non?
- Je ne suis rien sans enfant."

"Vous visualisez votre cœur, vous visualisez le sien, le trajet est court, et vous imaginez un arc-en-ciel d'amour de l'un à l'autre. Un arc-en-ciel, parce que l'amour est tout aussi impalpable et immatériel et tout aussi coloré. "

"Savoir qu'il y a quelqu'un quelque part qui pense à vous, qui vous réserve un petit coin dans son cœur, au chaud, à l'abri de tout, c'est comme une couverture toute douce qui vous enveloppe et vous protège du froid. "

"Les rencontres, les amours, les occasions, les au revoir ou les adieux, les petites joies et les grandes peines, les petites peines et les grandes joies. Chacun y participe, à son échelle, mais finalement, c'est le destin qui décide. Le destin. Souvent pour des bonnes raisons.
Ce destin, nous avons décidé de l'influencer quand même un peu pour qu'il chemine vers d'autres expériences. "

"Nous sommes la somme de nos choix mais aussi de nos non-choix. Il faut assumer, et les regrets ne changent pas le passé. Par contre, ils ternissent le présent. Si on ne peut pas revenir en arrière, on peut au moins composer avec le présent pour les instants suivants soient meilleurs. "

"Quand on est vide, on n'est rien. Je suis quoi ? Pas une mère, en tout cas. Ou peut-être que si ? Ca suffit quelques semaines de grossesse pour se déclarer mère ? L'enfant mort valide-t-il les acquis ? Je repense à ce connard de gynéco qui était de garde la nuit où j'ai expulsé. "Vous en ferez un autre, madame." J'ai failli lui sauter à la gorge, hurler en lui crachant au visage tout ce que j'avais dû faire pour arriver jusque-là. Et qu'aucun autre ne remplacerait jamais celui-là. Même pour les chiens on ne dit pas des choses comme ça. "

"J'ai nié ma liberté d'être. Mais je sens qu'elle revient. Je la sens qui remonte avec la force d'une vague puissante, moi qui faisais la planche sur ma vie pour ne pas couler. Une grosse vague déferlante qui m'a retournée, secouée, cognée contre le rocher, j'aurais pu mourir, mais puisque je suis encore vivante, je vais nager jusqu'à la plage et fuir le requin. L'odeur du sang l'a excité. C'est l'odeur de ma vulnérabilité qui l'excite depuis des années."

"Voir une femme de quatre-vingt-sept ans pleurer comme une petite fille laisse une trace indélébile. Parce qu'à cet âge-là, on ne devrait plus avoir de raisons de pleurer, on devrait avoir atteint le forfait maximum. Les quelques années restantes et comptées ne devraient être que du bonheur, que du bonus, la cerise sur le gâteau, la pièce montée d'une vie. Une pièce montée au goût sucré, pas salée de larmes..."

"Sous une apparence calme, cet homme est en tension permanente. Je ne sais pas ce qu'il y a derrière la façade. Il parle très peu. Parfois, j'aimerais être comme lui. Ne pas éprouver le besoin de me confier et ne pas non plus souffrir de tout garder pour moi. Mais qui dit qu'il ne souffre pas ? Qui dit que les hommes silencieux ne souffrent pas ? Qu'ils ne se murent pas dans le silence pour se conformer à une image imposées par la société ? Pas le droit de pleurer, à peine de rire, interdit d'aimer ou de s'attacher, la colère réprimée et la joie suspecte, et que dire de la tendresse."

"Ça ne s’explique pas. Mais je n’aime pas m’attacher. Quand on s’attache, forcément on se détache, et c’est souvent douloureux. "

" C’est tout au fond de soi, dans l’obscurité des failles profondes, que l’on trouve parfois la force de se battre pour la lumière.
L’amour sans respect n’est pas l’amour. En prendre conscience et le fuir ne constitue ni un échec ni même une défaite, mais une grande, une très grande victoire."

" Sortez des sentiers battus et ouvrez les yeux. Il n'y a aucun hasard dans la vie, aucun. Le destin est tracé pour nous et pour de bonnes raisons."

Et encore et encore !
Un livre merveilleux...

1 commentaire:

Mathilde a dit…

Comme toi ...j' ai adoré ..;:-)